Mouvement nationaliste pour la France aux Français

Détail des évènements du 22 et 24 août 1944.

Lors de la libération d’Annecy le 19 août 1944, la centaine de francs-gardes permanents de la Milice française s’est rendue aux FFI contre la promesse de la vie sauve pour les familles et aussi pour les miliciens jusqu’à leur inévitable jugement pour « trahison et intelligences avec l’ennemi ». En fait, ces derniers ont décidé de se rendre alors qu’ils s’apprêtaient à partir avec les Allemands, mais ils n’auraient pas pu s’enfuir sans combattre en position d’infériorité, car les routes étaient coupées par le maquis et les Allemands se sont eux-mêmes rendus à la suite d’un coup de bluff. Cela dit, malgré quelques incidents (deux miliciens ont été abattus par leur gardien et un autre s’est suicidé) et de mauvais traitements, la plupart des francs-gardes ont été gardés en vie jusqu’à leur procès qui a eu lieu deux jours plus tard au Grand-Bornand où, après un jugement expéditif de la cour martiale de Haute-Savoie (présidée par un chauffeur de camion FTP communiste), 76 miliciens ont été fusillés sur 97 inculpés (les autres ont été relâchés, puis, sauf pour quelques-uns trop jeunes, poursuivis, condamnés, voire exécutés de manière plus ou moins officielle)… C’est le chef départemental des FFI, Lambroschini (dit Nizier), qui, à la préfecture de la Haute-Savoie à Annecy, en plein accord avec le Comité départemental de libération, a désigné les membres de la cour martiale afin d’apaiser la foule qui avait commencé à infliger des sévices aux miliciens prisonniers et criait vengeance. Toute l’organisation « juridique » fut l’œuvre de Jean Comet, magistrat professionnel en poste à St Julien en Genevois qui fut révoqué par Vichy pour refus de rejoindre un poste à Thonon fin juin 1944 et vint offrir ses services à la préfecture le 20 août. La cour martiale était présidée par le commandant André Augagneur (dit Grand), le chef départemental des FTP, secondé par quatre sous-officiers : Robert Poirson (lieutenant Roby) et Louis Morel (Lieutenant Forestier) de l’Armée secrète, avec deux FTP communistes, le « commandant Clément » au patronyme inconnu et Francis Bonfils (commandant André). Ces cinq juges étaient eux-mêmes assistés par l’inspecteur de police Jean Massendès faisant office de procureur et par le greffier Comet qui avait déjà commandé 75 cercueils avant l’ouverture de la cour martiale (il avait rejoint la Résistance le 25 juin 1944)! Quatre avocats d’Annecy (Maitres Deschamps, Rolier, Lacombe et Bouchet) commis d’office disposaient de cinq minutes pour défendre chacun de leurs « clients ». L’audience était publique et même des journalistes suisses avaient été convoqués par le CDL. Elle s’ouvrit à dix heures du matin et fut levée levée à trois heures dans la nuit suivante. Les plaidoiries des avocats ont pris une heure et demie environ et la délibération de la cour a duré environ trente minutes. 75 miliciens (correspondant au nombre de cercueils préparés !), déclarés coupables du « crime de trahison », furent condamnés à mort pour « avoir participé à des opérations armées de répression dirigées contre les patriotes (…) et avoir eu des relations suivies avec les autorités allemandes » (référence à l’article 75 du code pénal). Un milicien relaxé ayant demandé à partager le sort de ses camarades a porté le nombre des exécutions à 76 sur 97 accusés (il a fallu, en toute hâte, fabriquer un cercueil supplémentaire !). Parmi les 21 miliciens libérés en uniforme, beaucoup ont été repris par les FFI (FTP ?) et jetés en prison ou, pour certains, traduits de nouveau en justice dont l’un sera fusillé à Annecy… Au sujet de ce procès expéditif, on a pu lire dans la presse locale des propos de ce type : Ce jugement a été un facteur d’ordre public. Une détente s’est sentie dans la population, sans pour autant apaiser les passions, et ils sont encore nombreux à réclamer une épuration plus sévère encore. Les miliciens condamnés à mort ont été immédiatement fusillés publiquement dans le bois de La Pèzerettaz dans la vallée du Bouchet à 3 km du Grand-Bornand. Au cours de leur détention et des exécutions, ils furent assistés par l’abbé Etienne Ducroz, professeur au collège St Joseph de Thônes. 51 reposent toujours dans un cimetière créé sur place, mais non visible de la route ; les autres ont été exhumés et ensevelis pour la plupart dans leurs villages du Bas-Chablais. Plusieurs d’entre eux avaient moins de 18 ans et le plus jeune, âgé de 16 ans et un mois, a été fusillé avec ses deux frères âgés de 17 et 19 ans : il n’avait jamais été ni milicien ni élève-milicien et était venu se réfugier à la Milice avec sa famille menacée.

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